Le jour d'après...

- Bonjour le Monde, comment vas-tu aujourd'hui ?
- Je vais bien, je vais mieux merci. Je commence enfin à respirer à nouveau. Et toi comment vas-tu ?
- Moi ça va. Mais j'ai eu peur, j'ai eu très peur de perdre un être cher.
- Je comprends cela. La vie est fragile, n'est-ce pas ?
- Oui, très fragile, mais jusqu'à présent je ne le savais pas.
- C'est normal. En tant qu'Homme, parfois tu te laisses aveugler par ton arrogance. Tu crois être supérieur à la vie, au Monde qui t'entoure, tu penses être invulnérable, immortel, tu oublies les autres n'est-ce pas ?
- Oui c'est vrai. Parfois, j'oublie de porter un regard bienveillant sur les personnes qui sont autour de moi.
- Mais pourquoi ?
- Par égoïsme, par égocentrisme peut-être. Mais promis, je vais changer. La preuve lorsque j'étais enfermé tous les soirs, au balcon, j'applaudissais le personnel soignant car j'étais reconnaissant de leur investissement, de leur courage. Je voulais les remercier de bien vouloir nous aider, nous soigner, nous sauver.
- C'est bien que tu aies pris conscience de cela.
- Oui, et ce n'est pas tout !
- Ah bon ?
- Oui, en plus de tout le personnel soignant, j'étais très reconnaissant également des caissières, des transporteurs, des logisticiens, des employés de magasin, des éboueurs, de tant de personnes d'autres métiers qui sont dans l'ombre mais que je ne voyais jamais.
- Mais pourtant, toutes ces personnes existaient avant ?
- Oui, mais je ne les voyais pas.
- Mais pourquoi ?
- Euh... sans doute, je n'étais pas assez conscient de leur importance. En étant confiné, le manque de liberté que j'ai eu m'a permis de me focaliser sur l'essentiel, de penser un peu moins à moi et plus aux autres, à mes amis, mes collègues, mes proches, ma famille...
- Tu vois. Face à la maladie ou à la mort, souvent, c'est lorsque nous sommes au pied du mur que nous commençons à opérer un changement, à faire preuve de moins de certitudes, à ouvrir les yeux.
- Oui peut-être...
- Maintenant que la crise est derrière nous, que nous avons enfin trouvé un vaccin, j'ose espérer que tu n'oublieras jamais toutes ces personnes qui ont tant donné, au péril de leur propre vie, en dépit de tous les risques encourus ?
- Moi oui, mais certaines personnes vont reprendre le fil de leur vie comme avant non ?
- Sans doute oui, mais peu importe. Toi tu as compris, et c'est le plus important. Grâce à toi, et même si tu es la seule personne à faire ce choix de lutter contre l'individualisme, l'Humanité toute entière aura grandi. Mais dis-moi, qu'as-tu appris de plus ?
- Ne pas pouvoir sortir, être libre, c'était très dur. Une fois libéré de mes chaînes, j'ai été à nouveau émerveillé par un paysage, une fleur, une couleur que je ne voyais plus.
- C'est normal. Tu ne prends jamais le temps d'observer et d'apprécier à sa juste valeur la beauté du Monde qui t'entoure.
- Je sais. Mais je manque de temps.
- De temps ou d'envie ?
- Un peu des deux sans doute.
- Tu manques de temps ?
- Oui je vis à 100 à l'heure... je n'ai jamais le temps.
- Et bien commence à vivre à 80 à l'heure !
- Mais pourquoi faire ? Pour vivre des choses futiles ?
- Futiles ?
- Oui, je ne vois pas en quoi regarder une fleur peut m'apporter du bonheur ?
- Le bonheur ne se résume pas forcément au résultat escompté ou obtenu. Il naît et vit dans le cheminement pour atteindre ce dernier.
- Ah bon !
- Mais oui. Réfléchissons un peu. Tu focalises trop ton attention sur ce que tu veux et non sur la démarche à entreprendre pour être heureux.
- Et alors ?
- Et alors, au lieu de courir après la satisfaction d'un seul bonheur, en agissant ainsi, tu risques de te priver d'une multitude de petits bonheurs qui mis bout à bout pourraient t'amener encore plus de joie et de bonheur.
- Je ne comprends pas.
- Reprenons notre exemple : observer une fleur. Une fois cette dernière observée, il est vrai, nous pouvons avoir été heureux, avoir aimé sa beauté puis plus rien, plus aucune émotion, le vide total n'est-ce pas ?
- Exactement, puis plus rien... super... comme futilité, il n'y a pas mieux !
- C'est ce que tu crois. Il en est de même dans la vie. Tu peux courir après un objectif professionnel, personnel ou autre. Une fois l'objectif atteint, la flamme que tu avais mise en toi s'est éteinte peu à peu, puis plus rien, le néant, le vide total.
- Oui mais je serai heureux.
- Oui mais cela sera un bonheur limité.
- Donc pour toi, si je veux être vraiment heureux, plus que la quête finale du bonheur, il est important de ne pas oublier toutes les étapes vécues, toute l'énergie, les efforts, la volonté, pour parvenir au résultat final, pour atteindre mon objectif ?
- Absolument, car pour chaque "victoire" sur toi-même, tu pourras ainsi enrichir ta vie de plusieurs bonheurs au quotidien et ainsi démultiplier les effets positifs. Si nous revenons à l'observation « basique » d'une fleur et si tu oublies ce qui existe autour avant de pouvoir l'observer, tu risques de passer à côté de l'essentiel.
- Ah bon ?
- Oui. Rappelle-toi en période de confinement, après plusieurs jours, après plusieurs semaines, tu voulais tellement sortir de chez toi pour avoir la possibilité de découvrir le Monde à nouveau !
- C'est vrai.
- Pourquoi faut-il attendre de ne plus pouvoir vivre pour vouloir commencer à vivre ?
- Je ne sais pas.
- A chaque fois que tu le pourras, n'hésite pas à t'émerveiller pour un rien. Oui une fleur, cela peut paraître futile. Mais n'oublie jamais la chance que tu as d'être en vie et de pouvoir la regarder à nouveau.
Si tu regardes autour d'elle, tu pourras « en plus » éprouver du bien-être par le soleil qui réchauffe ton corps, par le vent qui caresse ta peau, par l'odeur de l'herbe, par le bruit d'un ruisseau qui court à travers une montagne, par les branches d'un arbre qui t'enveloppent... que sais-je ? Tu vois au-delà d'une simple fleur, si tu parviens à mieux regarder, tu trouveras tellement de sources de bonheur supplémentaires.
- Je vais essayer.
- As-tu confiance dans l'avenir ?
- Euh... mon avenir ?
- Non, ne retombe pas dans tes travers ! Celui de l'humanité bon sang !
- C'est difficile à dire, et puis cela ne dépend pas de moi.
- Ah bon ? mais pourquoi.
- Je n'ai pas le pouvoir de changer le Monde.
- C'est ce que tu crois, mais avant de vouloir changer le Monde, tu pourrais commencer par changer ton Monde.
- Mais comment ?
- Déjà en étant conscient que chaque individu, chaque personne, à son échelle a la possibilité d'inventer le Monde de demain.
- Mais encore ?
- Pourquoi ne pas commencer par des petits gestes de la vie quotidienne, un regard bienveillant, une main tendue dans ta sphère personnelle ou professionnelle.
- Tu crois que cela peut suffire pour inventer un nouveau Monde ?
- C'est en tout cas un premier pas vers un Monde meilleur. Pendant cette fameuse crise sanitaire n'as-tu pas vu les élans de solidarité, de soutien, de prise de conscience des différents acteurs de la vie politique, des entreprises, des individus à travers le Monde, dans tous les pays, sur tous les continents ?
- Oui, nous étions près de 3 milliards de personnes confinées en même temps.
- Encore une leçon à retenir. Parfois la vie est injuste. Les inégalités sont nombreuses et différentes que tu sois de tel ou tel pays, mais la mort, elle, n'a pas de préférence. Elle ne fait pas de différence. Elle touche qui elle veut, quand elle veut, les riches comme les pauvres, les puissants comme « Monsieur et Madame Tout-le-monde », les jeunes comme les vieux, les femmes comme les hommes.
Sur cette Terre, c'est la seule égalité commune à l'ensemble de l'humanité.
- Donc c'est la mort qui commande et non la vie ?
- Non, la mort est juste là pour te rappeler de l'importance de préserver la vie.
- Heureusement, nous avons vu un véritable consensus entre les êtres humains pendant la crise !
- Tu as raison. Les chercheurs ont travaillé main dans la main pour trouver un remède. Tous les chefs d'État ont parlé d'une même et unique voix. Les grands groupes, les multinationales comme les plus petites entreprises ont apporté des solutions. Même toutes les religions étaient à l'unisson.
- Dis-moi le Monde, penses-tu que tout cela va continuer maintenant que nous sommes parvenus à enrayer ce virus ?
- Je l'espère...
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